Risques liés au harcèlement scolaire: quelle conduite adopter?

Le harcèlement est un enchaînement d'agissements hostiles dont la répétition affaiblit la victime psychologiquement.
Ce sont des tous petits riens, des moqueries, des brimades, qui répétés au quotidien, sont de véritables souffrances. Il peut s'agit de harcèlement moral ou des agressions physiques chez un ou plusieurs individus parfois différenciés à cause de leur couleur de peau, religion, genre, ou autre particularité comme les capacités physiques ou mentales. Le harcèlement n'est pas à négliger car il est rarement mis en lumière et souvent
soumis à la loi du silence ; il vise néanmoins la destruction progressive d'un individu ou d'un groupe par un autre individu ou groupe au moyen de pressions réitérées destinées à obtenir de force de l'individu quelque chose contre son gré (défis, départ...), et ce faisant, à susciter et à entretenir chez l'individu un état de terreur.
Comme autre caractéristique indissociable des phénomènes de harcèlement, on note la
communication paradoxale : cette forme de communication est pathogène avec des effets destructeurs redoutables. Elle implique des aspects para-verbaux disqualifiants
très difficiles à repérer, et induisant un anéantissement, une anti-reconnaissance d'autrui. Cette forme de communication atteint la
capacité de penser car elle agit comme un micro traumatisme cumulatif.
Plusieurs travaux montrent que les conséquences du harcèlement sur la santé mentale relèvent de la symptomatologie post-traumatique.

Pour l'entourage,
les symptômes de l'enfant ou de l'adolescent harcelé sont parfois mal compris, car la dépression qui se développe est assortie d'une irritabilité, d'une hypersensibilité aux signaux potentiellement malveillants qui font de plus en plus souffrir. Ne sachant plus comment exprimer sa détresse la victime se replie sur elle même, ne prend plus toujours la peine d'expliquer ses réactions : son attitude réactionnelle peut paraître provocante ou démesurée. Il se peut aussi que le jeune harcelé ne trouve pas/plus les mots pour exprimer ce qu'il se passe. Pour les témoins, la crainte de subir le même sort que la victime pousse au silence, voire à la complicité avec le ou les harceleurs, car il se développe un sentiment d'insécurité. Le harceleur, quand à lui, assoit sa faille narcissique en cherchant à rallier un groupe plus ou moins important à ses côtés, pour susciter l'admiration à son propre égard, impressionner et maintenir la victime en position basse.L'adolescence est une période propice au développement de tels agissements car la puberté (avec les remaniements de l'image de soi qu'elle implique), mais aussi les frustrations scolaires accumulées, entraînent une vulnérabilité psychique et un mal être qui peuvent trouver un exutoire dans ces manifestations « de force ». Il est donc nécessaire de conjuguer les sanctions avec un accompagnement éducatif et psychologique adapté.
Du côté de la victime, il est essentiel qu'elle se sente soutenue et reconnue dans sa position de détresse et de vulnérabilité. Ce n'est que dans ces conditions que l'anxiété va pouvoir diminuer, et que l'hyper-vigilence aux signaux agressifs va pouvoir s'estomper très lentement mais progressivement. Les situations de confrontation pour dénouer la « vérité », en cas de conflit et d'altercation, sont
absolument à proscrire, car on favorise alors la communication paradoxale sous caution de l'adulte qui se veut arbitre : Il va laisser passer des agressions
non clairement décodables, sans s'en rendre compte (intonation, posture, mouvements, gestes, regards...). Car un code subjectif est souvent déjà installé entre les protagonistes quand on découvre la situation! L'hypersensibilité de la victime sera exacerbée, elle pourra répondre violemment et se retrouver sanctionnée! Ou bien se replier d'avantage sur elle même à ses dépens…
Catherine DELAUNE PARASSOURAMIN
Psychologue clinicienne - Psychothérapeuthe DE
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